
Le pavillon Nageire-dō (Nageiredō) se trouve à Misasa, district de Tōhaku, préfecture de Tottori. Il constitue l’un des sanctuaires intérieurs du temple Sanbutsu-ji et représente un exemple extrêmement précieux d’architecture en bois suspendue dans l’histoire de l’architecture japonaise. Le pavillon est édifié sur une corniche rocheuse à mi-hauteur du versant nord du mont Mitoku, protégé par une paroi naturelle qui l’abrite des intempéries, ce qui a permis sa conservation jusqu’à nos jours. Construit à l’époque de Heian, il fait partie des rares pavillons bouddhiques ésotériques encore existants au Japon. En 1952, il a été officiellement classé Trésor national. L’accès nécessitant l’ascension du périlleux gyōja-michi (« chemin des ascètes »), il est souvent surnommé « le trésor national le plus dangereux du Japon ».
Le nom « Nageire-dō » provient d’une légende : en 706 (3e année de l’ère Keiun), En no Gyōja, fondateur du Sanbutsu-ji, aurait, par ses pouvoirs, « lancé » depuis la plaine jusqu’à la montagne le pavillon dédié à Zao Gongen. Son nom d’origine était « Zao-den », comme l’atteste une inscription sur la poutre faîtière datée de 1375. Historiquement, les moines-guerriers du mont Mitoku s’opposèrent à ceux du Daisen-ji, qui incendièrent nombre de bâtiments du Sanbutsu-ji ; néanmoins, le pavillon Nageire-dō échappa miraculeusement aux flammes.
D’après son style architectural, la construction daterait de la fin de l’époque de Heian (XIe–XIIe siècles), bien que certaines parties puissent appartenir à des époques différentes. Des analyses dendrochronologiques réalisées en 2001–2002 ont montré que le bois de la galerie nord avait été abattu vers 1098, ce qui laisse penser que la structure générale était en place dès la première moitié du XIIe siècle, des réparations successives ayant ensuite remplacé divers éléments.
Le pavillon est construit sur une corniche rocheuse à la jonction de roches basaltiques et de tufs volcaniques, et repose sur de multiples piliers de bois qui le suspendent littéralement à la falaise. La façade et les côtés ne comportent pas de portes ; avec autorisation, on y accède par l’arrière, en passant sous le plancher. La salle principale mesure une travée de large sur deux de profondeur, avec un toit en écorce de cyprès et une galerie périphérique, soit environ 5,4 mètres d’est en ouest et 3,9 mètres du nord au sud. Elle abrite une statue en bois de Zao Gongen (datée de 1168), classée Bien culturel important du Japon.
Bien qu’il paraisse aujourd’hui sobre, des travaux de restauration menés entre 2003 et 2006 ont révélé que les piliers et les encadrements des fenêtres avaient été autrefois peints en rouge et blanc, et que des traces d’ornements en cuivre subsistaient sur la charpente du toit, indiquant que le pavillon avait probablement été décoré de manière éclatante à l’origine.
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