Temple Ciyou de Songshan
Le temple Ciyou de Songshan, anciennement appelé temple Mazu de Xikou, est un centre religieux majeur situé dans le district de Songshan, à Taipei. Il s’agit de l’un des édifices religieux les plus anciens et les plus influents de la région. Placé à côté du marché de nuit de Raohe Street et à proximité de la 4ᵉ section de la rue Bade ainsi que de la gare de Songshan, il constitue un lieu de dévotion important pour les habitants. Historiquement, il fut le cœur religieux des « Treize villages de l’ancien Xikou », avec une influence couvrant les actuels districts de Songshan, Xinyi, Da’an, Nangang et Neihu.
D’après les archives du temple, Ciyou fut fondé en 1753 (18ᵉ année du règne de Qianlong, dynastie Qing) par un moine itinérant nommé Lin Shouyi, qui choisit l’emplacement et initia sa construction. Achevé en 1757, le temple s’élève sur un site de feng shui privilégié : orienté au sud, adossé à la rivière et faisant face aux « montagnes des Quatre Bêtes ». Il portait initialement le nom de temple Mazu de Xikou, avant de devenir temple Ciyou de Songshan avec l’évolution de la toponymie. Outre son importance locale, la statue de Mazu du temple fut également diffusée dans le comté de Xianyou, au Fujian, durant les règnes de Jiaqing et Daoguang.
Historiquement, Ciyou n’était pas seulement un centre religieux, mais aussi un pôle social et commercial. Derrière le temple se trouvait le port de la rivière Keelung, étape fluviale reliant Tamsui et Xizhi. Avant la construction de la gare de Songshan, ce lieu était un nœud essentiel pour la distribution des marchandises et le transport de voyageurs. Les porteurs y attendaient pour transférer les cargaisons par bateau, créant une effervescence dans la place du temple. L’urbanisme local s’est d’ailleurs développé à partir de Ciyou, point de départ de la rue Xikou et de ses villages environnants.
Le temple adopte un style architectural typique du sud du Fujian, avec un plan carré en forme de « hui » (回). Après plusieurs reconstructions, son aspect actuel provient d’une rénovation complète menée par des artisans de Fuzhou en 1915, suivie de restaurations en 1937. L’édifice principal est organisé en trois cours successives avec cinq portes et un hall central à triple toiture. Les décorations incluent des sculptures colorées et dorées de dieux gardiens, d’ornements suspendus, de corbeaux (dougong) et de colonnes de pierre. Les lions et colonnes-dragons en pierre reflètent le savoir-faire raffiné de l’époque Qing. Les céramiques décoratives en jiaozhi des tours de cloches et de tambours furent réalisées par Ye Xingyou, disciple du maître Lin Tien-mu, représentant des thèmes religieux tels que Guanyin, Mazu, Qianliyan (Œil-qui-voit-au-loin) et Shunfeng’er (Oreille-qui-entend-le-vent).
Le temple conserve de nombreuses plaques historiques des époques Qing et coloniale japonaise, telles que Li Ji Can Tian (période Qianlong), De Shui Ling Yang (offerte par des officiels du Fujian à l’époque Guangxu), ou encore Shen Zhi Ge Xi (par Zhao Hongjing, diplômé Jinshi). Ces pièces sont de précieux trésors historiques. La salle Lingxiao, haute de six étages, impressionne par sa monumentalité, ornée de couplets et plaques calligraphiés par des notables locaux.
Ciyou intègre également des éléments culturels spécifiques. Ainsi, l’autel de Zhusheng Niangniang (déesse de la naissance) inclut une figure particulière nommée « Du Yuniang », honorant une femme ayant aidé gratuitement à mettre au monde de nombreux enfants. De plus, les terrains voisins furent donnés par la famille Du afin de créer une association religieuse en charge du temple.
Bien que classé monument local sous la domination japonaise et désigné « monument de troisième classe » par la ville de Taipei en 1975, le temple subit un incendie en 1981 qui détruisit son hall principal. Pour faciliter sa reconstruction, son statut de monument fut annulé en 1985. Reconstruit par la suite, il a retrouvé toute sa vitalité et reste aujourd’hui un lieu de culte prospère.
